Maltraitance dans une maison de retraite: enquête en cours

 

Une enquête, pour maltraitance et mise en danger de la vie d’autrui sur personnes âgées vulnérables dans la maison de retraite de Saint-Florent-sur-Cher, vient d’être ouverte par le procureur de Bourges.

 

 

Fin novembre 2020, un médecin qui intervient auprès de résidents a effectué un signalement concernant trois pensionnaires et notamment une personne de 96 ans.

Ces pensionnaires ont été placés à l’isolement de manière très brutale suite à un cas asymptomatique de Covid-19. Le médecin et certaines familles n’hésitent pas à parler de séquestration.

Ces trois pensionnaires ont dû quitter leurs chambres pour être placées à l’isolement, perdant tous leurs repères.

 

Un isolement de près de deux semaines pour une femme de 96 ans

Selon sa petite-fille, une dame de 96 ans, porteuse asymptomatique du Covid-19 a eu pour unique contact le personnel pour déposer les plateaux repas et le téléphone pour communiquer avec sa famille.

Un enfermement qui aura duré presque deux semaines alors que la quarantaine n’est normalement que de sept jours.

« J’ai vu ma grand-mère dépérir, tombée dans un état dépressif, presque suicidaire« . « Elle se plaignait d’être en prison, se sentant comme une pestiférée ».

 

L’intervention du médecin a permis à ces résidents de pouvoir prendre à nouveau les repas avec les autres pensionnaires.

Certaines familles mettent en cause une trop grande fermeté de la directrice qui avait continué de refuser les visites, par exemple, lors de la fête des mères alors qu’elles avaient repris ailleurs.

 

La direction n’a même pas pris le soin de répondre aux différentes lettres de protestation adressées par les familles !

 

(Info France bleu) – 12/2020

« Tu verras maman, tu seras bien »….

 

Un directeur d’EHPAD témoigne.

Pendant près de trois ans, Jean Arcelin a dirigé une maison de retraite dans le sud de la France, avant de renoncer, épuisé par un trop-plein d’émotions et révolté par la faiblesse des moyens mis à sa disposition.

 

 

 

 

 

Il livre son récit dans un livre « Tu verras maman, tu seras bien » paru aux éditions XO.

 

Dans un entretien à la Presse, il indique (extraits):

 

 

 

 

« C’était un Ehpad en souffrance avec un turnover incessant du personnel, un absentéisme massif. Plusieurs résidents avaient des problèmes de santé graves, et semblaient livrés à eux-mêmes, n’étaient ni lavés ni changés. Dans certaines chambres, on se serait cru face à des scènes de guerre.

Et dans le même temps la direction générale m’obligeait tellement à faire du chiffre que c’en était aberrant. Il fallait absolument que l’établissement soit rempli au minimum à 90 %, sinon cela ne rapportait pas assez. Je devais cocher un tableau de présence qui, s’il passait du vert au orange, donnait lieu à des emails de reproches ».

« Cette pression du résultat m’a forcé à accepter des résidents qui n’auraient pas dû être admis, en raison de leur pathologie parfois dangereuse, alors que nous n’avions pas les moyens en personnel pour nous en occuper sereinement ».

 

« Peu à peu je me suis aperçu que ce business des seniors est impitoyable.

Il fallait tout le temps faire des économies. On m’a fixé un coût de repas journalier à 4,35 euros, pour le petit déjeuner, le déjeuner, la collation, le repas du soir… Soit à peine un euro par repas.

On a dû acheter ce qui se faisait de moins cher dans les centrales d’achat, comme du hoki, un poisson qui est franchement mauvais, et que les pensionnaires retrouvaient trop souvent dans leur assiette. Pourtant, on demandait 3000 euros par mois aux familles, et l’Ehpad dégageait 400 000 euros de bénéfice net avant impôt ».

 

« Pour donner une bonne image de l’établissement, notre direction générale exigeait que l’on mette de façon bien visible dans le hall d’accueil, qui était notre vitrine marketing, des grands-mères plutôt en forme, comme des Mamie Nova souriantes. À l’inverse, on devait planquer discrètement les moins présentables, sur leurs fauteuils roulants, dans des chambres fermées, pour éviter l’effet repoussoir »…

« L’établissement doit sentir bon, sinon cela signifie qu’il économise sur les protections urinaires ».

 

Jean Arcelin conseille aux familles de ne pas hésiter à demander quel est le nombre de soignants par résident, le jour mais aussi la nuit.

Il les incite à manger parfois avec les résidents, pour voir ce qu’on leur sert.

Il leur demande de ne pas hésiter à se promener dans les couloirs pour se faire sa propre impression, et à discuter avec le personnel.

Il ne faut pas se contenter de la présentation de la direction qui a tendance à enjoliver les choses.

 

Il conclut l’entretien en ces termes: « C’est un monde vraiment cynique dans son organisation, même si heureusement beaucoup de gens compétents et dévoués font de leur mieux »….

 

« Tu verras maman, tu seras bien », de Jean Arcelin, est en vente en librairie au prix de 19,90 €.

 

Les visites aux résidents des maisons de retraite sont à nouveau autorisées

 

 

 

Le confinement strict en maisons de retraite était de plus en plus difficile à vivre. L’interdiction des visites, depuis mi-mars, a suscité beaucoup de détresse, enfermant un peu plus nos ainés dans la solitude.

 

Certains résidents se laissent aller pour ne pas dire se laissent mourir, d’autres sont victimes de sérieux troubles psychologiques. (Lire ou relire les seniors seront coupes du monde).

Depuis lundi 20 avril 2020 il est de nouveau possible de rendre visite à des proches en maison de retraite, « à la demande du résident » et dans des conditions très encadrées.

Le gouvernement a publié un protocole qui prévoit:

  •  Visites à la demande du résident

Les demandes de visites doivent émaner du résident lui-même, « dans le cas où le résident ne peut pas l’exprimer formellement en première intention, son avis est sollicité quant à l’éventualité d’une visite. »

Les résidents pour qui « le confinement a un fort impact sur la santé physique et mentale«  sont prioritaires. C’est à l’équipe soignante et aux médecins coordonnateurs de décider le cas échéant.

  •  Pas plus de deux visiteurs pour une durée d’une heure maximum

Les proches doivent remplir « une demande écrite de rendez-vous, qui pourra utilement être dématérialisée ». Une réponse de l’établissement définissant la procédure, le jour et l’heure de la visite leur sera ensuite adressée.

  • Contacts physiques interdits

Les proches doivent signer une charte dans laquelle ils s’engagent à respecter l’intégralité du protocole et des mesures sanitaires en particulier les gestes barrières. Il est interdit « de toucher le résident » et « d’échanger des objets et denrées ». « En cas de transgression des règles de sécurité et gestes barrières par les proches, leurs visites seront suspendues ».

Les familles doivent remplir un questionnaire attestant qu’elles n’ont pas de symptômes et porter des masques.

Le circuit de la visite doit être « sécurisé » pour « éviter tout contact entre le visiteur et les résidents et les personnels de l’établissement (hormis ceux chargés d’accueillir et accompagner les visiteurs). » Il est recommandé d’éviter que plusieurs familles soient présentes au même moment et une distance physique d’au moins 1,50m est obligatoire.

Un professionnel doit être présent pendant les visites. « En cas de nécessité, il pourra être prévu un retour de bénévoles en nombre limité, formés aux gestes barrières et à la distanciation sociale et connaissant les contraintes des établissements: pompiers volontaires, protection civile, Croix-Rouge.

  •  Rencontres en extérieur privilégiées

« Les rencontres en extérieur sont privilégiées pour que les visiteurs n’entrent pas dans l’établissement »: les visites peuvent se faire dans les terrasses, jardins, cours, parkings.

En cas d’impossibilité, un espace peut être aménagé dans les salles de restaurant par exemple.

Pour les résidents qui « présentent des contre-indications médicales (maladie aiguë grave, fin de vie,…),mais aussi des difficultés de mobilité significatives, ou des troubles du comportement ou des troubles cognitifs importants qui pourraient ne pas leur permettre de se déplacer », il est « envisageable qu’un proche puisse leur rendre visite directement dans leur chambre » dans les conditions sanitaires requises.

 

Dans l’ensemble des Ehpad « il revient aux directeurs d’établissement de décider des mesures applicables localement, après concertation collégiale avec l’équipe soignante et en particulier les médecins coordonnateurs le cas échéant, en fonction de la situation sanitaire de l’établissement et dans le respect des préconisations en vigueur dans le territoire concerné ».

 

Pour en savoir plus, voir le protocole gouvernemental

 

Une direction d’EHPAD dessaisie par sa tutelle

 

 

 

Ce lundi 6 avril 2020, la direction de la Rosemontoise, établissement pour personnes âgées de Valdoie, au Nord de Belfort, a été dessaisie.

 

 

 

Les deux tutelles, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le Conseil départemental prennent la main pour deux mois reconductibles. La direction actuelle reste en place et sera placée sous leurs ordres.

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