Dromalma: Besoin de moyens financiers

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La journée du 15 juin est dédiée à la lutte contre la Maltraitance des personnes ùgées.

Qu’en est-il ?

De nombreux personnels de maisons de retraite mĂ©dicalisĂ©es se sont mis en grĂšve pour obtenir plus de personnel en dĂ©but d’annĂ©e 2018 ; ils  considĂšrent  en effet qu’ils  ne sont pas en capacitĂ© de donner des soins dĂ©cents Ă  nos ainĂ©s, vu la  maigreur des Ă©quipes de soignants.

J’ai tout de mĂȘme Ă©tĂ© surpris au dĂ©but de cette annĂ©e, que Madame AgnĂšs Buzin, Ministre de la SantĂ©, lors de la journĂ©e de grĂšve nationale des personnels sus citĂ©s, ait  avoué  qu’elle dĂ©couvrait la situation indigente de ces Ă©tablissements  et du peu de moyens dont ils disposent.

J’ai beaucoup d’estime pour le professeur AgnĂšs Buzin, mais il faut bien reconnaĂźtre que dans le domaine de la prise en charge de nos ainĂ©s il y a une carence majeure et elle n’est pas la seule.

 

L’on peut souhaiter que les choses Ă©voluent, nous jugerons dans le temps.

 

Un cas de maltraitance parmi d’autres illustre  la nĂ©cessitĂ© de disposer d’associations comme la nĂŽtre :

Une aide-soignante appelle Alma, membre de la FĂ©dĂ©ration 3977 contre la Maltraitance. Elle travaille dans l’EHPAD public d’un chef-lieu de canton en zone rurale. Elle a vu un agent insulter et donner de violents coups de pieds Ă  un rĂ©sident ayant chutĂ© et gisant sur le sol. Demandant Ă  cet agent de cesser, elle est insultĂ©e Ă  son tour. Ayant relevĂ© le patient avec une collĂšgue, elle appelle le mĂ©decin coordinateur. Il constate l’absence de fracture et de plaie, mais quelques bleus. Elle signale le fait au directeur. Depuis, elle est ostracisĂ©e par une partie du personnel, n’ose plus aller au rĂ©fectoire, se fait insulter. Elle sollicite aide et conseils pour faire cesser cette situation insupportable.

Elle appelle le centre Alma, qui se met en relation avec le médecin coordonnateur.

Il confirme les dires de l’aide-soignante. Il l’a soutenue auprĂšs de la Direction. Il subit depuis les mĂȘmes avanies qu’elle, allant jusqu’à des tracts d’un syndicat l’attaquant nominativement distribuĂ©s Ă  la sortie du supermarchĂ© de la bourgade oĂč il est mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Il est demandeur de conseils, son Ordre DĂ©partemental n’ayant donnĂ© que des conseils de prudence.

Le Directeur de l’établissement est ensuite appelĂ©. Il confirme les faits. L’agent incriminĂ© travaillait dans un EHPAD associatif d’une autre rĂ©gion, qu’il aurait quittĂ© pour des raisons qu’on n’a pas voulu lui divulguer. Cet agent, revenu dans sa bourgade d’origine, a Ă©tĂ© soutenu et plus ou plutĂŽt imposĂ© par le maire, l’EHPAD n’arrivant pas Ă  recruter de personnel.

Selon lui, l’agent en cause est un « pauvre type », violent et inapte Ă  tout mĂ©tier d’aide humaine. Il n’a pas voulu appeler le procureur, parce qu’il craignait d’avoir cet agent sur les bras pendant des mois, aurait fait venir les gendarmes en EHPAD et aurait compromis toute rĂ©embauche de ce sujet maltraitant lui-mĂȘme fragile. Une procĂ©dure de licenciement pour faute grave lui a Ă©tĂ© refusĂ©e par son Conseil d’Administration (prĂ©sidĂ© par le maire). Depuis l’atmosphĂšre de l’établissement est empoisonnĂ©e par le conflit entre ceux qui sont choquĂ©s par la mise Ă  pied de l’agresseur et ceux qui sont choquĂ©s par sa violence et par le fait qu’il ne soit pas licenciĂ©.

L’ARS est alors sollicitĂ©. Le responsable du secteur mĂ©dico-social est au courant des faits. La situation est bloquĂ©e, mais il suffit d’attendre : l’agent incriminĂ© a Ă©tĂ© embauchĂ© en CDD, le directeur se mĂ©fiant. Il suffit d’attendre que son contrat se termine. En attendant, l’ARS soutient directeur, mĂ©decin et aide-soignante contre les pressions politiques locales et celles d’un syndicat. Il a permis une petite rallonge en personnel. Il souhaiterait organiser un colloque sur la protection du tĂ©moin alerteur.

Quelques semaines plus tard, le mĂ©decin rappelle. L’agent n’a pas eu son contrat renouvelĂ©. Il est donc parti. La situation se calme peu Ă  peu pour l’aide -soignante et pour lui. Au plus chaud de l’affaire ; il avait reçu une lettre du PrĂ©sident du Conseil DĂ©partemental lui enjoignant de se taire. Il l’a rangĂ© dans son coffre-fort. De son cĂŽtĂ©, l’ARS n’a pas poursuivi le projet de colloque.

Nous voyons bien l’absolue nĂ©cessitĂ© d’associations comme la nĂŽtre.

Mais nous n’avons pas assez de moyens ; aussi en dĂ©but d’annĂ©e,  nous avons Ă©crit Ă  environ 70 entreprises travaillant dans le secteur de la santĂ© du dĂ©partement ; nous n’avons reçu, aucune rĂ©ponse, donc aucune subvention de la part de ces entreprises.

 

Je ne vous cache pas avoir été choqué par cette absence totale de réponse, je suis médecin et je connais les marges bénéficiaires de ces entreprises et cette attitude me paraßt totalement inacceptable.

MalgrĂ© tout nous continuerons notre combat pour dĂ©noncer la situation injuste faite Ă   un bon nombre de nos ainĂ©s pour qu’à terme, les ainĂ©s d’aujourd’hui et aussi les ainĂ©s de demain, car cela concerne toutes les gĂ©nĂ©rations ; elles doivent pourvoir vivre dans des conditions de paix, de sĂ©rĂ©nitĂ©, d’espoir, de sourire dans le dernier parcours de leur  existence alors qu’ils ont perdu malheureusement beaucoup de leurs moyens.

 

Eric Lamouroux – PrĂ©sident de DromALMA


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