La fĂ©dĂ©ration 3977 contre la maltraitance Ă©vincĂ©e de la plateforme d’Ă©coute tĂ©lĂ©phonique – Le traitement de la maltraitance bientĂŽt privatisĂ© et marchandisĂ© ?

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Paris, le 3 décembre 2025

La Fédération 3977 évincée de la future plateforme nationale de lutte contre les maltraitances : une rupture historique, un risque majeur pour les personnes vulnérables.

La FĂ©dĂ©ration 3977, opĂ©rateur national engagĂ© depuis plus de trente ans dans la lutte contre les maltraitances envers les personnes ĂągĂ©es et les adultes en situation de handicap, a appris le 2 dĂ©cembre le rejet de sa candidature Ă  l’appel d’offre national destinĂ© Ă  dĂ©signer le futur gestionnaire de la plateforme d’écoute consacrĂ©e Ă  ces publics.

Selon la notification reçue du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du ministĂšre des SolidaritĂ©s, l’État a choisi une entreprise privĂ©e spĂ©cialisĂ©e dans la qualitĂ© de vie au travail en entreprise sur le critĂšre principal du coĂ»t.

À compter de la fin fĂ©vrier 2026, la FĂ©dĂ©ration 3977 ne sera plus en charge de la plateforme d’écoute nationale.
L’activitĂ© qui a fondĂ© son identitĂ©, son expertise et son utilitĂ© publique lui est retirĂ©e.

Une dĂ©cision incomprĂ©hensible au regard de l’histoire, du terrain et des besoins des victimes Ă  la veille du plan Grand Ăąge annoncĂ© par Mme la ministre Charlotte Parmentier Lecocq.

Créée sous l’impulsion du Professeur Robert Hugonot dĂšs 1995 — pionnier de la gĂ©riatrie et fondateur des Centres Alma — la FĂ©dĂ©ration 3977 n’a cessĂ© depuis trente ans d’assurer une mission profondĂ©ment humaine : Ă©couter, comprendre, accompagner et orienter les personnes victimes ou tĂ©moins de maltraitances, souvent dans l’urgence, parfois dans le silence, toujours dans la complexitĂ©.

Depuis 2014, l’État lui-mĂȘme reconnaissait la FĂ©dĂ©ration 3977 comme son partenaire national officiel pour cette mission essentielle.

Cette expertise unique vient d’ĂȘtre Ă©cartĂ©e au profit d’une logique de commande publique du “moins-disant”, oĂč l’on compare des dĂ©cennies de savoir-faire clinique, Ă©thique et social
 avec une prestation privĂ©e standardisĂ©e issue du champ de la QVT en entreprise.

Quand le marchĂ© supplante le social, l’écoute disparaĂźt au profit du traitement industriel

DerriÚre cette décision se cache un tournant politique majeur :
les politiques publiques de protection des personnes vulnĂ©rables basculent dans un modĂšle marchand, oĂč l’écoute devient une “prestation tĂ©lĂ©phonique” et oĂč la bientraitance relĂšve dĂ©sormais d’un marchĂ© concurrentiel.

La Fédération 3977 refuse cette confusion dangereuse.

Notre mĂ©tier n’est pas un service client.
Il repose sur :
– une Ă©coute neutre, bienveillante, non jugeante ;
– l’anonymat possible, garant essentiel pour libĂ©rer la parole ;
– une analyse conjointe, assurĂ©e par un binĂŽme de professionnels formĂ©s aux maltraitances ;
– le temps nĂ©cessaire pour comprendre, apaiser, dĂ©nouer des situations oĂč la parole est empĂȘchĂ©e ;
– une maĂźtrise des dynamiques d’emprise, de vulnĂ©rabilitĂ©, de handicap, d’isolement ;
– une orientation construite avec le rĂ©seau social, mĂ©dico-social, sanitaire, judiciaire.

Chaque appel est une vie en suspens.
Chaque silence, un risque.
Chaque mot, un acte de protection.

Aucun algorithme, aucune procĂ©dure standard, aucun script ne peut remplacer la densitĂ© humaine d’une Ă©coute protĂ©gĂ©e, experte et dĂ©diĂ©e.

Un signal d’alarme lancĂ© Ă  l’ensemble du secteur social et mĂ©dico-social

Ce qui arrive aujourd’hui Ă  la FĂ©dĂ©ration 3977 arrivera demain Ă  d’autres.
L’État ouvre la voie Ă  la mise en concurrence des acteurs sociaux et associatifs avec des prestataires privĂ©s gĂ©nĂ©ralistes.

Le message envoyé est clair :
le lien coĂ»te trop cher. Le social est remplaçable. L’expertise n’est plus un critĂšre.

Cette décision acte un renoncement.
Un renoncement Ă  la protection des personnes, au soutien des associations, Ă  la cohĂ©rence de l’action publique, et Ă  l’histoire d’un rĂ©seau qui a accompagnĂ© plus de 200 000 situations depuis sa crĂ©ation.

La Fédération 3977 interpelle le Gouvernement sur:

Pourquoi avoir supprimĂ© l’écoute associative spĂ©cialisĂ©e d’un dispositif dĂ©diĂ© aux personnes vulnĂ©rables ?

Comment garantir la qualitĂ© d’une Ă©coute sous-traitĂ©e Ă  un prestataire d’entreprise, non spĂ©cialisĂ© et non mandatĂ© historiquement pour ces publics ?

Comment justifier que le critĂšre Ă©conomique prime sur l’expertise humaine dans un domaine aussi sensible que les maltraitances ?

Comment assurer la protection des victimes quand la logique de marché remplace la logique de protection ?

Nous appelons à la transparence, à la cohérence, et à la responsabilité.

La FĂ©dĂ©ration 3977 n’abandonne ni son Ă©thique ni son combat

La décision prise ne signe pas la fin de notre engagement.
Elle rĂ©vĂšle, brutalement, le besoin de dĂ©fendre un modĂšle d’écoute publique fondĂ© sur le respect, la bienveillance, la compĂ©tence et le temps — autant de valeurs que le marchĂ© ne peut ni acheter ni Ă©valuer.

Nous continuerons à porter, avec nos 600 bénévoles, nos 51 centres territoriaux et nos professionnels, une exigence :
celle d’une sociĂ©tĂ© qui protĂšge rĂ©ellement ses aĂźnĂ©s, ses personnes vulnĂ©rables et ses citoyens en situation de handicap.

 

Conclusion du Président, Régis Gonthier

« Ce que nous perdons aujourd’hui, ce n’est pas un marchĂ© : c’est un espace de confiance pour celles et ceux qui n’ont souvent que quelques minutes pour dire l’indicible.

L’État a choisi de confier cette parole fragile au secteur marchand.
Nous en prenons acte, mais nous ne nous y résignons pas.
Nous dĂ©fendrons partout la nĂ©cessitĂ© d’une Ă©coute humaine, experte, protectrice, profondĂ©ment ancrĂ©e dans l’éthique associative.

Pour les victimes, pour leurs familles, pour les professionnels du lien, nous continuerons le combat. »

 

Contact Presse :

Elodie Durand

07 52 07 23 89 / e.durand@3977.org

Fédération 3977 contre les maltraitances

faites aux personnes ùgées et adultes en situation de handicap

BP 30 030 – 75960 PARIS CEDEX 20